J’avais lu Mémoires de soie. J’ai aimé L’île du là-haut. A 15 ans, en 1948, Marcel, jeune Lyonnais, n’échappe pas au très contagieux bacille de Koch. Tuberculose. Eviction. Sanatorium. Là-haut, proche du Mont-Blanc, Marcel apprivoise une nouvelle société, celle d’un nouveau monde fait de joie et de tristesse, de lutte contre le mal et d’espérance, de vie et de mort où chacun se forge une identité bien singulière. 

 

Sans atteindre la force de La montagne magique, le chef-d’œuvre de Thomas Mann, on ne peut cependant manquer de s’y référer ; ce qui est ici un compliment. On ne peut également éviter de penser à un certain vécu familial. Adrien Borne, l’auteur, et le petit-fils de Marguerite Bonzon, l’épouse de Paul-Jacques Bonzon, romancier pour la jeunesse. L’un étant né après le décès du dernier, ils ne se sont pas connus. Cependant, il a été bercé par les souvenirs de sa grand-mère. Or l’œuvre de Paul-Jacques Bonzon reste marquée par la maladie. Atteint de tuberculose contractée lors de sa formation à l’École normale d’instituteurs de la Manche à Saint-Lô, il la fréquenté les sanatorium de Sainte-Feyre dans la Creuse puis de Saint-Jean-d’Aulph durant un séjour de plus de 5 années suivi de bien d’autres plus courts mais réguliers. L’atmosphère, l’ambiance, le cadre général, les relations décrits dans cet ouvrage plonge le lecteur dans une authentique réalité de ce qu’étaient ces établissements de soins. J’y ai retrouvé assez précisément propres recherches lorsque le malade des années 1930 ne recevait à l’entrée qu’un thermomètre et un crachoir portatif. Pour le reste, il appartenait au destin de faire son œuvre. Le cimetière de Sainte-Feyre en porte encore la mémoire.

 

Oui, cet ouvrage d’Adrien Borne est à lire. Sa lecture ne laissera pas le lecteur indifférent. C’est à cela qu’on reconnait un bon livre. L’île du là-haut est de ceux-là. 

Adrien Borne, L’île du là-haut, JC Lattès, Paris, 2024, 280 p.

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