“Le baiser et la morsure”.
Dans cette série d’entretiens avec la journaliste Catherine Lalanne, rédactrice en chef à l’hebdomadaire Pélerin, Yasmina Khadra retourne aux sources de sa vocation contrariée par son destin militaire. Privé de son enfance par un placement prématuré à l’Ecole des cadets, porté par le souffle de ses ancêtres, très tôt, il se laisse entraîner dans une folle envie d’écrire. A 10 ans, il écrivit une première nouvelle : ” Je m’étais dit alors, confie-t-il à la journaliste, que la littérature pouvait me venger de ce que l’on me faisait subir. je me mis à écrire sans répit. En transe. Un recueil de fables à la Jean de la Fontaine. Ensuite, Les aventures des 7 inséparables, inspirées de la série des Six compagnons, de Paul-Jacques Bonzon, roi de la Bibliothèque verte, qui me régalait avec ses enquêtes.” p. 35
Qui aurait imaginé que Paul-Jaques Bonzon ait pu influencer à ce point une oeuvre romanesque aussi riche et diversifiée que celle de ce romancier talentueux et prolixe qu’est Yasmina Khadra ? Mieux encore, p. 64, à la question posée par Catherine Lalanne : ” Quels autres romanciers français vous ont tendu la main pour écrire dans leur langue ?”, Yasmina Khadra cite Joseph Kessel, Giono avec Regain, Gide avec La symphonie pastorale… et : “Plus jeune, j’étais un fan absolu de Paul-Jacques Bonzon, un auteur de la Bibliothèque verte. J’ai dévoré toute la série des Six compagnons.”
Un compagnonnage inattendu dans les souvenirs de lectures de Yasmina Khadra pour notre romancier de la jeunesse. De fait, se rencontre dans l’oeuvre du romancier d’origine algérienne une incontestable fibre romanesque qui se trouve également dans les ouvrages de Paul-Jacques Bonzon, qu’ils appartiennent ou non à des séries. La filiation est indiscutable. L’un et l’autre savent captiver leurs lecteurs. Chez l’un comme chez l’autre, pour des publics evidemment très différents, l’art maîtrisé de la narration emporte le lecteur vers un monde d’évasion. C’est précisément cela qu’offre la lecture. C’est aussi à cela que se reconnait la marque les grands. Association inattendue Khadra/Bonzon, mais, à y regarder de plus près, pas si surprenante.
Merci Catherine Lalanne d’avoir permis cette révélation.
Le baiser et la morsure. Yasmina Khadra, entretien avec Catherine Lalanne. Bayard, L’atelier de l’enfance, 2018, 173 p.
https://www.amis-pauljacquesbonzon.com/apjb/les-lecteurs-celebres/